Guénolé
Tout à coup, la porte s’ouvrit brutalement, laissant entrer Tudy, essoufflé, le visage rougi par l’effort. Il s’avança rapidement vers Budoc et Guénolé, les yeux brillants d’une étrange lueur. D’une main tremblante, il leur tendit un petit objet.
— J’ai trouvé ceci… près du corps de Gurwan… si tu ne l’as pas découvert tout de suite, Guénolé, c’est sans doute que les marées ont fait remonter cet objet à la surface de la vase.
Le silence se fit plus pesant encore. Guénolé contempla l’objet, blêmissant. Une pendeloque en pierre, grossièrement ciselée, reposait dans la paume de Tudy. Il n’y avait aucun doute possible.
— Par tous les saints…, murmura-t-il.
Budoc fronça les sourcils, observant la réaction du jeune homme.
— La reconnais-tu ?, lui demanda-t-il.
Guénolé prit quelques secondes pour répondre. Il regarda successivement l’objet, puis Budoc, et finalement Tudy.
— Oui, bien sûr. Sa voix trembla légèrement. C’est un bijou ancien… un héritage de famille…
Il prit une profonde inspiration avant de prononcer le nom qui brûlait ses lèvres.
— C’est une parure d’origine franque. Une sorte de trophée de guerre de mon père Fracan. Il l’avait offert à mon frère Guéthénoc, qui ne s’en séparait jamais. Il l’avait ensuite retouché pour tenter d’effacer les symboles païens et lui donner un sens chrétien.