Azénor

Azénor ne se trouvait pas particulièrement jolie. Elle ne possédait pas de longs cheveux blonds soyeux, des yeux immenses et purs, une peau pâle et délicate, une allure majestueuse, vertueuse, mais réservée et modeste… Non, Azénor n’incarnait aucune de ces qualités. Ou plutôt bien plus que tout cela.

Azénor imposait un regard pénétrant et magnétique. Son teint hâlé évoquait des terres baignées de soleil. Ses yeux sombres, presque noirs, reflétaient une intelligence perçante, une curiosité insatiable. Ses cheveux bruns, épais et indomptés, tombaient en vagues naturelles autour de son visage. Elle les portait souvent défaits, non par vanité, mais par indifférence aux codes de son époque.

Azénor n’était pas très grande, mais sa silhouette restait fine et nerveuse. Elle s’habillait toujours simplement, enfilant une longue robe ample, appelée « léine », qui atteignait ses chevilles et avait une teinte ocre. Par-dessus, elle ajoutait une sorte de cape carrée, nommée « brat », fixée à ses épaules par une broche. Une ceinture tissée à laquelle était nouée une petite bourse de cuir ajustait sa léine à la taille. Elle portait au cou un collier de perles d’ambre, et au poignet un bracelet en bronze ancien aux motifs celtiques entrelacés, seul bijou qui lui venait de sa mère…

Fille unique, elle était aussi le fils qu’il aurait aimé avoir. Son père, le Comte Even, lui laissait fuir les activités convenant aux jeunes princesses de son rang pour des apprentissages réputés plus virils. Elle aimait marcher, souvent seule. La mer était son refuge. Une sorte de miroir qui restait pour elle une énigme, un point d’interrogation sur ses propres racines.